En décembre 1975, après la mort du Général Franco, l’Algérie et le Maroc revendiquent leur hégémonie sur le Sahara Occidental, jusque-là colonie espagnole. Le royaume chérifien organise une « marche verte » de 350.000 Marocains afin de récupérer ces provinces du sud. En représailles, l’Algérie de Boumédiène organise une marche de 40.000 Marocains natifs d’Algérie pour les expulser vers le royaume au-delà du fils barbelé "Chag Esselk" et aussi pour affaiblir en même temps la monarchie de HassanII..
Ces mêmes Marocains sont ensuite rassemblés dans les commissariats du pays, avant d’être mis dans des cars et des camions bennes, puis brutalement déportés vers le Maroc, chassés de leur sol natal, dépossédés d'un pan de leur histoire.
Nous sommes le jour d'Aïd-El-Kébir 1975, la fête du sacrifice du mouton. Les marmites sont sur le feu en prévision des réjouissances. C'est la deuxième vague de déportation, la première ayant eu lieu en novembre 1963, lors de la « guerre des sables », quand le Maroc avait déjà empiété sur le territoire algérien, revendiquant le plateau de Lahmada et la région du Touat.
Motif de ces arrestations : origine marocaine. Les personnes appréhendées n'ont ni le temps ni le droit d'emporter autre chose qu'un bagage à main. Des policiers, des voisins ou un membre de la famille viennent retirer les enfants de l'école.
Les familles issues de couples mixtes sont divisées. Le parent algérien n'a pas le droit de se joindre au parent marocain (certains le feront plus tard et clandestinement).
Les enfants mineurs demeurent en Algérie avec le parent algérien. Les enfants majeurs sont déportés avec le parent marocain, ou seuls, si ce parent est décédé.
Les biens laissés derrière sont fréquemment pillés (magasins) et squattés (domiciles) par les voisins. Quant aux biens immobiliers, ils sont vendus aux enchères par les municipalités.
Dans les commissariats, avant leur déportation, les femmes et les jeunes filles subissent des fouilles vaginales. Les policiers recherchent des bijoux et des louis d'or jusque dans les langes des nouveau-nés…
Abdel SNP et Isabelle Barrat
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